dimanche 26 octobre 2008

Quels sont les déterminants précoces du comportement alimentaire chez le nourrisson et l'enfant qui grandit

Samedi 18 octobre dernier, Bruxelles a accueilli le désormais traditionnel Symposium Danone. Il s'agissait cette année d'étudier ce qui détermine précocement le comportement alimentaire chez le nourrisson et l'enfant qui grandit.

"Le nouveau-né n'est pas aussi démuni qu'on le croirait, a expliqué le Pr Luc Marlier du laboratoire d'imagerie et neurosciences cognitives du CNRS à Strasbourg.

Il trouve par exemple le sein tout seul sans assistance dès qu'il vient de naître et si un des deux seins est lavé, il se dirige préférentiellement vers celui resté intact".

Comment se fait-il qu'il accepte assez spontanément son premier aliment qui est le lait maternel? L'une des hypothèses de travail est que le nouveau-né a appris des choses in utero. Se pose alors la question de savoir si ce qu'il a appris avant de naître a des conséquences à long terme.

Dès les 8-11e semaines de gestation, le système olfactif principal se développe, mais pour sentir il faut qu'il y ait une stimulation chimiosensorielle.

En l'absence de possibilité d'expérimentation in utero, la mise en évidence des capacités du foetus à détecter et mémoriser des arômes transitoirement présents dans le liquide amniotique repose sur des études conduites chez le nouveau-né à terme, testé dans les premiers instants après la naissance.

L'équipe du Pr Marlier a donc montré que des enfants nés à terme de femmes ayant consommé des produits anisés en fin de grossesse sont fortement attirés par cet arôme à la naissance et présentent, en présence de cette odeur, de nombreux mouvements de succion et de léchage.

Par contre, les enfants des mères qui n'en avaient pas ingurgité ne marquait pas de préférence ni pour l'anis, ni pour l'eau (contrôle).

"On peut donc en conclure que le groupe anis a appris quelque chose avant sa naissance, qu'un nourrisson est capable de détecter des arômes, que son cerveau peut les mémoriser et que ces odeurs peuvent influencer ses choix futurs".

Une étude réalisée chez des enfants nés à 29 semaines de gestation montre que l'information olfactive est encodée bien avant le terme normal de la grossesse.

On les a exposés (un coton-tige placé 10 secondes devant leur nez) successivement à une odeur agréable (vanille), une désagréable (acide butyrique) et une neutre (eau).

"Ces deux fluides se ressemblent sur le plan olfactif, ils sont fonction de l'alimentation de la mère dans les derniers jours avant l'accouchement, la réponse indifférenciée des enfants suggère l'existence d'une continuité olfactive entre le liquide amniotique et le colostrum.

Mais après 4 jours, apparaît une préférence pour le lait maternel.

Notre histoire alimentaire démarre très tôt, le cerveau immature peut mémoriser les arômes et l'expérience chimiosensorielle prénatale et néonatale joue un rôle promoteur des premiers apprentissages alimentaires.

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